Et si on pédalait !
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Et si on pédalait !

Le parti « Comme autrefois », qui avait si bien réussi à imposer ses vues à propos de la lutte contre les crottes de chien, avait décidé de lancer une nouvelle initiative populaire visant à rétablir les travaux forcés dans les pénitenciers. Leurs membres, tous pensionnaires de homes pour personnes âgées, ne comprenaient pas pourquoi ils devaient se contenter de l’unique menu qui leur était proposé alors que les pensionnaires de la prison C. semblaient pouvoir choisir entre trois menus différents.

Ils étaient donc décider à demander le retour des travaux forcés pour les délinquants. Toutefois, sensibles aux idées sournoises des partis écologiques, ils avaient imaginé que les prisonniers pourraient pédaler au moins six heures par jours sur des vélos d’appartement équipés chacun d’un générateur d’électricité et participer ainsi à leur manière au démantèlement des centrales nucléaires.

Pour éviter que des paresseux ne rechignent à fournir un minimum d’effort, les peines infligées ne seraient plus libellées en mois ou en années de prison, mais en un certain nombre de kilowatt heure à fournir. Evidemment il faudrait modifier le code pénal dans ce sens mais cela ne semblait pas être insurmontable : il suffisait de dresser une table de conversion entre la durée de la peine et le nombre de kWh à produire.

C’est alors qu’un physicien vint semer le doute et balayer tous les espoirs des initiants en révélant qu’en pédalant énergiquement pendant toute une journée on n’arriverait à produire qu’à peine un kWh, soit une production d’environ 20 centimes. Cela signifiait qu’il faudrait pédaler une quinzaine d’années au moins pour amortir le prix de l’énergie qu’il a fallu pour construire le vélo !

Déçus mais pas vaincus, quelques uns des vieux rouspéteurs imaginatifs se mirent au travail et conçurent alors un vélo d’appartement révolutionnaire : ils l’équipèrent d’un grand écran plat asservi à un logiciel qui reproduisait quelques étapes du Tour de France. La vitesse de défilement de la route était conditionné à la vigueur du pédalage et la résistance des pédales était proportionnelle à la pente de la route. Un système de changement de vitesse permettait de simuler le dérailleur du vélo original. Ainsi, chaque usager pouvait se glisser dans la peau d’un coureur grimpant le Tourmalet ou effectuant une étape contre la montre. Une émulation folle saisit les pensionnaires du home, chacun voulant se glisser dans la peau d’un coureur, même s’il leur fallait une semaine complète pour gravir le Mont Ventoux. La santé et la bonne humeur régnaient maintenant dans la pension et, surtout, la prise d’un brevet suivie d’une réussite commerciale sans précédent parmi les millions d’admirateurs du cyclisme permit l’embellissement et un confort amélioré de leur home. Tout comme les détenus de la prison de C. ils pouvaient maintenant choisir entre trois propositions de menu à la salle à manger.

Dans toute l’Europe cyclophile, la pratique du nouveau vélo d’appartement avait considérablement amélioré la santé publique. La consommation de bière avait diminué au profit de la vente d’EPO ou autres substances stimulantes. On pouvait donc éprouver les joies du dopage en famille !

On signale tout de même qu’un certain nombre d’amateurs, non entrainés à la pratique sportive, décédaient d’attaque cardiaque prématurée en pleine ascension de l’Iseran ou en voulant imiter Cancellara dans une étape contre la montre. Cet inconvénient fut jugé mineur car, indirectement, cela soulageait considérablement les caisses de pension et favorisait les héritages précoces.

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