Les hippopotames, Gérard et l’Espagne
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Les hippopotames, Gérard et l’Espagne

L’étude du comportement des animaux – ou éthologie, pour ceux qui aiment le grec – est très instructive. Elle nous montre que le comportement de l’homme peut facilement être comparé à celui des animaux dont il se prétend supérieur.

Considérons un peu les hippopotames : tout au long de la journée, ils paressent tranquillement dans un marigot ou dans le coude d’une rivière tranquille. Ils sont là, dans l’eau qui les protège des ardeurs du soleil. Nombreux, vivant en bonne harmonie les uns avec les autres, entre deux bâillements, ils papotent aimablement avec leurs voisins. Le soir venu, c’est une tout autre histoire. Ils sortent de l’eau et vont brouter l’herbe de la savane. Mais attention, chaque hippopotame délimite soigneusement son territoire, en piétine le pourtour et dresse une barrière olfactive faite d’excréments dispersés par un élégant moulinet de la queue. Malheur à l’intrus qui franchit cette barrière. Il est repoussé violemment par le propriétaire des lieux qui n’hésite pas à engager un combat meurtrier, peut-être même avec son voisin du marigot qu’il tolérait si facilement en territoire neutre. Lorsque l’aube paraît, chaque hippopotame rejoint paisiblement son bourbier dans lequel il va côtoyer sans animosité l’intrus qui peut-être l’a provoqué la nuit précédente. L’hippopotame protège son territoire.

Gérard passe la plupart de ses journées à son bureau. Il travaille tranquillement, en bonne harmonie avec ses collègues, papotant entre deux bâillements avec ses plus proches voisins. Le soir venu il rentre chez lui. Il habite une petite maison qu’il a construite dans une modeste parcelle de quelques ares. Il l’a probablement baptisée « Mon Logis », « Chez Nous » ou «Ma Chaumière ». Sa parcelle est entourée d’une clôture. Un brave chien batifole dans le jardin. Sur le portail, on peut lire « attention au chien ». Peut-être même qu’on peut aussi lire « propriété privée » voire « entrée interdite ».

Si un inconnu agite la sonnette du portail, Gérard est parcouru par une légère décharge d’adrénaline. Il se demande ce que lui veut l’intrus. Méfiant, il s’approche lentement et demande à l’inconnu ce qu’il veut. Il est soulagé de constater que ce dernier cherche son chemin et ne va pas vouloir pénétrer sur son territoire.

Régulièrement Gérard consulte la feuille d’avis officielle pour vérifier les demandes de permis de construction dans son voisinage et faire opposition s’il juge qu’on essaye d’empiéter sur son territoire ou de grever sa parcelle d’une moins-value. Gérard protège son territoire.

Le Premier Ministre d’Espagne vient d’assister à une conférence internationale sur la solidarité entre les peuples du Sud et ceux du Nord. Il a serré les mains de nombreux ministres du tiers-monde, porté des toasts à la solidarité entre les peuples et participé à de nombreuses festivités.

De retour à Madrid, il participe à la réunion organisée par son ministre de l’intérieur à propos de mesures de sécurité à prendre pour lutter contre l’immigration clandestine. De nombreux radars sont installés le long de la côte faisant face à l’Afrique, tous reliés à des centrales d’alarme. Ils avertissent les unités navales, toujours en état d’alerte, qui vont aller repousser les intrus.

Il a fait édifier de hautes barrières autour des enclaves espagnoles de Ceueta et Melilla, sise au coeur du Maroc. L’armée traque impitoyablement les désespérés qui essayent de franchir l’obstacle.

L’Espagne protège son territoire